Le métier de détective privé suscite un intérêt certain auprès du grand public en raison de son aspect intrigant et mystérieux. Toutefois, la réalité du terrain est souvent bien éloignée de cette image idéalisée. De nombreux aspects de la profession s’avèrent exigeants, voire dangereux, et constituent un frein à la pérennité des nouveaux entrants dans ce secteur.
Les candidats souhaitant intégrer cette profession réglementée, via les formations obligatoires nécessaires, sous-estiment fréquemment les défis auxquels ils devront faire face. Le taux de déperdition dans les premières années suivant l’obtention du diplôme est particulièrement élevé. À titre d’exemple, sur ma promotion de 2009, seuls trois diplômés sur dix-huit exercent encore à ce jour.
Les contraintes en rapport au physique des détectives
Le détective privé est régulièrement amené dans le cadre de ces missions à réaliser des surveillances. Peu importe la météo, il se doit d’être sur le terrain, à l’affût, prêt à s’adapter à tout changement de situation. Certaines surveillances sont éprouvantes et fatigantes, notamment lorsque les températures sont basses ou lorsqu’il pleut. En période de canicule également. Mais, le détective doit s’adapter et ne pas mettre en péril sa santé et sa mission malgré les contraintes extérieures.
Les besoins naturels déséquilibrés
Les longues heures sur le terrain sont difficilement compatibles avec une alimentation équilibrée. Souvent en déplacement ou en surveillance, les repas sont généralement pris sur le pouce, à la va-vite. Les horaires de travail sont irréguliers et atypiques. Il arrive que l’on suive un suspect pendant des heures, sans aucune pause, ce qui peut nuire à un bon sommeil et entraîner une certaine fatigue chronique. Par ailleurs, se retenir d’aller aux toilettes est aussi un problème fréquent lors d’une planque interminable. Impossible de mettre la cible en pause, l’agent est obligé de continuer sa filature et ne peut pas se rendre aux toilettes lorsqu’il le souhaite. C’est une contrainte très difficile à gérer au quotidien.
Une vie de famille compliquée
Les horaires atypiques, les déplacements fréquents, partir en filature et ignorer quand on va revenir, voilà autant de contraintes difficiles à concilier avec une vie de famille. Les détectives privés n’ont pas de semaine lambda, il est donc compliqué de prévoir. Ce sont des professionnels qui s’adaptent en permanence, ce qui est parfois difficile à comprendre pour les proches surtout lorsqu’il y a une vie de famille à organiser.
Des filatures souvent dangereuses
Les fileurs suivent leur cible coûte que coûte parfois au péril de leur vie et en essayant au mieux de respecter le code de la route. C’est notamment le cas des agents en deux roues, qui sillonnent les rues en zigzaguant sans perdre la trace de leur cible. Que ce soit en voiture ou en moto, il est fréquent que le détective perde des points sur son permis de conduire pour mener à bien une mission. Il faut tout de même rester vigilant à ne pas risquer de suspension. En effet, sans permis de conduire valide, un détective peut difficilement exercer. Sur Paris, les filatures sont particulièrement dangereuses et la concentration doit être maximale pour répondre aux urgences dans les meilleures conditions.
Des affaires sensibles
Par ailleurs, lors de surveillance ou de filature, il arrive que le détective soit amené à enquêter sur des affaires sensibles. Il risque ainsi de se retrouver dans des situations dangereuses et tendues. De plus, certaines cibles peuvent se rendre compte qu’elles sont suivies, surtout les profils de paranoïaques ou liés au banditisme, et réagir de manière agressive et virulente. Certaines enquêtes ont également lieu dans des quartiers sensibles, où il est difficile de passer inaperçu.
Les bandes de dealers n’ont plus peur de la police qui est armée. Un simple détective privé généralement seul ou en binôme n’effraie personne, les situations d’intimidation sont fréquentes lorsque nous sommes sur un point d’observation où d’autres intérêts se croisent. Le détective privé est présent sur un secteur pour une concurrence déloyale ou un adultère, mais les personnes sur place vont penser qu’il est là pour leur trafic. La vigilance est nécessaire sur tous les dossiers.
Le travail de fond des enquêteurs derrière l’écran
Mais, le métier de détective n’est pas uniquement un métier de terrain. Les enquêteurs sont très souvent amenés à analyser des informations sur leurs ordinateurs : enquête en source ouverte, recherches sur internet, analyse de données, surveillance en ligne, etc. Cela peut entraîner des problèmes de fatigue oculaire, de posture et de stress liés à l’utilisation prolongée de ces technologies. Les recherches sont longues, minutieuses et parfois frustrantes. Par exemple, il arrive qu’un détective passe des heures à analyser des documents, à rechercher des informations, à suivre la vie numérique des suspects sans savoir si cela mènera à une solution concrète. Cela peut être très éprouvant mentalement.
Le respect du cadre légal des agents de recherches privées
La gestion de dossiers sensibles expose le détective à des risques légaux. La collecte de preuves doit impérativement se faire dans le respect de la loi. Ainsi, le détective doit être vigilant à respecter le cadre légal en vigueur. Il doit agir de manière rapide et efficace tout en respectant la loi et principalement le code de déontologie des détectives.
Le CNAPS contrôle aussi le respect du cadre des détectives privés et pour l’ensemble des professionnels ayant subi un contrôle, le stress est très important. Comme lors d’un contrôle fiscal, les agents du CNAPS trouvent toujours des points d’organisation à modifier (les sanctions sont possibles et la perte de l’agrément obligatoire pour travailler est une réelle crainte).
Le stress du client
À toutes ces difficultés, vient s’ajouter le stress du client. Les clients veulent des résultats rapides et ont des attentes élevées. Cette pression peut devenir intense et difficile à gérer. Le détective est souvent seul et travaille rarement en équipe, où alors en équipe restreinte contrairement aux moyens de la police et de la gendarmerie.
De plus, certains clients peuvent mentir et manipuler l’enquêteur. D’autres mandants n’ont aucune conscience de ce qu’ils demandent au détective qui doit bien cadrer son intervention. Par exemple, un détective ne peut pas récupérer de dettes avec “des gros bras” ou mettre sur écoute téléphonique une personne.
Le détective privé a toutes les contraintes du chef d’entreprise
Outre le stress généré par la pression des clients, le détective privé doit également gérer son stress de chef d’entreprise. En tant que professionnel libéral, il doit s’occuper de son propre business : trouver des clients, gérer les aspects administratifs, la trésorerie et prendre des décisions stratégiques pour son entreprise. Par ailleurs, comme tout travailleur indépendant, il n’a pas la sécurité de l’emploi qu’un salarié pourrait avoir. Il doit assumer ses propres charges alors que ses revenus ne sont pas garantis. Si le marché est concurrentiel ou si les affaires se font rares pendant un certain temps, le détective est seul pour faire face à la situation.
Malgré ces défis, le métier de détective est aussi très gratifiant. Résoudre une affaire, aider à faire éclater la vérité ou contribuer à la justice apporte une profonde satisfaction. Les enquêteurs sont de véritables passionnés. Afin de faire face aux difficultés physiques et émotionnelles, les détectives doivent avoir développé un sens de l’organisation pointu et être armés face au stress omniprésent. C’est pourquoi, nous vous conseillons de faire appel à de véritables professionnels de la preuve avec une forte expérience dans le domaine. Le métier de détective ne s’improvise pas et demande un grand nombre de compétences.